À force de courage

À force de courage, je suis remonté des brumes épaisses, celles qui pesaient sur ma poitrine comme une nuit sans fin. J’ai marché, titubant parfois, mais toujours en quête d’air, de clarté, de ce simple miracle qu’est respirer sans effort.

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Peu à peu, une respiration plus calme s’est frayé un chemin à travers mes silences. Elle a d’abord tremblé, incertaine, comme une flamme fragile dans le vent, puis elle s’est ancrée, s’est élargie, a repris sa place. L’air, autrefois lourd comme le doute, est devenu plus léger, plus doux, presque caressant. Je l’ai accueilli comme on accueille un vieil ami perdu de vue, avec une émotion muette, un mélange de gratitude et de stupeur.

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J’ai souvent cru que le manque me rongerait, qu’il finirait par gratter les parois de mon calme, jusqu’à faire effondrer mes silences. L’envie revenait, tenace comme une ombre familière, chuchotant des promesses vides à l’oreille d’un corps encore marqué par l’habitude. Mais j’ai tenu. Pas par héroïsme. Par fatigue, peut-être. Ou par amour de ce que je sentais revenir : la clarté dans les matins, la légèreté dans mes gestes, et cette paix étrange au creux du torse.

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Et puis, un matin, sans crier gare, une odeur. Subtile, presque timide : l’arôme d’un café, le parfum d’une fleur oubliée, l’écho d’un souvenir. Mon odorat, ce sens qu’on croit banal jusqu’à ce qu’il s’éteigne, revenait lui aussi, comme une promesse tenue. Il portait avec lui le goût de la vie, dans tout ce qu’elle a de plus simple et de plus précieux.

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Il reste parfois une nostalgie. Une gestuelle fantôme, un automatisme sans objet. Mais je ne m’en veux plus. Je les regarde passer comme on regarde un souvenir : sans colère, sans désir, avec bienveillance.

Je respire mieux maintenant. Chaque souffle est une victoire discrète, chaque senteur retrouvée, un poème. Mon corps se souvient de la lumière, de la chaleur, du vent sur la peau. Et moi, je me souviens que rien n’est plus fort que la volonté douce de vivre.

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