Sous la pression

Sous le poids des regards et des attentes affûtées, je vacille, funambule sur le fil effiloché des exigences. Chaque jour, l’échine ployée sous les dogmes d’autrui, je me dresse, stoïque, sculpté dans la cire molle des convenances. On exige de moi la stature du roc, l’élan du cèdre, l’inflexible ardeur d’un fer que l’on forge sans relâche. Mais au creux de mon être, une faille s’élargit, un vide se creuse, un écho s’éteint.

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On me soumet des ambitions taillées sur un marbre qui n’est pas le mien, des songes sans sève, des chaînes sans nom. Je cours, je comble, je consens, pantin poli par le souffle de l’ordre établi. Mais dans ce labyrinthe aux reflets trompeurs, mon propre visage se dilue, spectre flou dans la brume des devoirs.

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Et voici qu’on me retire une prime, sentence tacite, murmure de réprobation inscrit dans le silence. Le message est limpide : que je plie sans rompre, que je serve sans faillir, ou l’on serrera l’étau d’un cran de plus. Mais qu’ils sachent, qu’ils sentent, qu’ils tremblent un instant : je lâche prise. Je déleste mes épaules de leur poids de plomb, je lève le pied, je dénoue l’emprise. Que leur main devienne hésitante, que leur pouvoir vacille.

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Il est temps. Temps de m’appartenir, d’écouter les failles, de guérir les ombres.
Dans le fracas des chaînes brisées, je renaîtrai…
Et leur monde tremblera.

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