Où Est l’Ambiguïté ?
- Kiosho charly
- 11 janv.
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : 15 janv.

Où Est l’Ambiguïté ?
J’ai connu la censure, ses chaînes chuchotantes et son souffle glacé. Elle voulait que je me taise, que mes mots se terrent dans les ténèbres. Comme tant d’autres avant moi, j’ai ressenti cette main murmurante qui cherche à éteindre l’éclat des idées. Mais à force de bâillons, j’ai appris à faire parler le silence, à nourrir ses nues notes. À force d’interdits, j’ai découvert la liberté de contourner, de frôler les frontières de l’interdit, comme une eau effervescente qui se faufile entre les fissures d’un destin figé.
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Aimer l’art de l’esprit, c’est embrasser l’héritage des âges, des ancêtres, des angoisses et des aspirations. C’est tendre la main aux âmes attentives qui suivent, comme Victor Hugo lançant ses mots par-delà l’exil, refusant de plier sous la poigne tyrannique. Imaginez-le à Guernesey, face à l’immensité de la mer, écrivant Les Châtiments. Chaque vers était une flèche foudroyante, chaque strophe, un appel acéré à la justice. Là où d’autres auraient cédé au silence, il a fait résonner sa voix plus fort, transformant son bannissement en un bélier de liberté. Ses mots, portés par le vent vibrant, ont franchi frontières et siècles. Ils rappellent que la plume, pourtant fragile, peut fendre des empires de fer.
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Ou encore Anna Akhmatova, cette femme façonnée dans la pénombre, récitant des vers à des proches en chuchotant, pour échapper à l’œil implacable d’un régime. Chaque mot était une rébellion, chaque rime, une flamme qui crépitait. À l’instar d’Hugo, elle a fait de l’exil une tribune, mais dans le secret des cuisines et des ombres, elle a défié la censure soviétique, transformant ses poèmes en un souffle, un souffle léger, pénétrant, qui franchissait les murs et s’épanouissait dans les cœurs brisés.
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Et que dire de Denis Diderot, ce philosophe des ténèbres qui, à travers l’écriture clandestine de l’Encyclopédie, a réuni les savoirs de son époque pour les offrir aux âmes affamées ? Malgré les interdictions, les confiscations, et les menaces, il a persévéré, convaincu que la connaissance doit circuler comme une rivière vivante. Chaque article était une rébellion, une pierre posée sur le chemin de la pensée critique, un combat contre la stagnation. Peut-on imaginer un plus bel exemple de courage intellectuel ?
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Et puis, il y a Gustave Courbet. Avec L’Origine du Monde, il a osé peindre ce que d’autres s’efforçaient d’ignorer. Cette œuvre, à la fois sublime et scandaleuse, dévoile l’essence même de la vie, bousculant les conventions et défiant la morale sclérosée de son époque. Elle est le symbole vibrant d’une liberté artistique qui refuse de se brider, un cri silencieux mais clair, un défi face à la censure. Courbet n’a pas seulement peint un corps, il a proclamé une vérité, prouvant que l’art peut être à la fois rébellion et révélation.
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Mais transmettre, est-ce vraiment un acte de rébellion ? Où est l’ambiguïté ? Peut-on offrir sans risquer de se faire juger ? Peut-on ouvrir des portes sans heurter ceux qui les verrouillent ? Galilée, en défiant les dogmes écrasants de son époque, n’a pas seulement observé les étoiles : il les a offertes aux hommes, au prix d’un silence imposé et de longues années solitaires. Ses idées, pourtant, ont franchi les murs de l’Inquisition, prouvant que la lumière des vérités ne peut jamais être éteinte. Et vous, dans votre propre vie, avez-vous déjà ressenti ce besoin ardent d’éclairer, même au risque de déranger ?
La censure ne tolère pas le partage. Elle redoute l’étincelle qui voyage de cœur en cœur, une flamme indomptable qu’aucun souffle ne saurait éteindre. Pourtant, préserver l’héritage des savoirs, des songes et des pensées, c’est exactement cela : refuser de le voir figé, figé dans les fosses de l’oubli ou asservi par les chaînes du conformisme. C’est le porter vivant, palpitant, comme un chant vibrant qu’on ne peut étouffer, comme une vérité qui s’écoule à travers les âges, insaisissable, inaltérable.
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L’ambiguïté, si elle existe, n’est pas dans mon désir de transmettre. Elle réside dans les regards inquiets de ceux qui craignent que savoir soit synonyme de pouvoir, que comprendre soit un chemin vers l’émancipation. Pourtant, l’histoire nous enseigne, sans ambiguïté, que la peur des puissants n’a jamais empêché les idées de franchir les murs. Les chansons des troubadours, les pamphlets des Lumières, les toiles peintes à l’abri des regards, nous rappellent que la création, sous toutes ses formes, survit toujours.
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En vérité, transmettre n’est pas qu’un acte de rébellion. C’est un acte de vie. C’est ce moment où l’on franchit la frontière, de soi-même, du silence à la parole, de la pensée à l’action, un acte de courage. Chaque geste créatif, chaque mot offert, chaque rime lancée, est un défi, une étincelle. La censure, comme un vent puissant, tentera toujours de nous faire taire, de nous asphyxier dans ses lourdes ombres. Mais ce que l’on donne ne meurt jamais : il se diffuse, se multiplie, se transforme, traverse le temps et les murs. Nous avons tous une part de responsabilité dans ce voyage de transmission. Ce n’est pas seulement un acte individuel, mais un acte collectif. C’est ce que l’on porte ensemble, ce que l’on élève ensemble, ce que l’on protège ensemble.
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Moi, je n’ai jamais voulu de chaînes, ni pour moi ni pour les autres. Faire rayonner la richesse humaine, c’est l’offrir, librement, passionnément, sans mesure ni réserve. À celui qui regarde avec crainte cette liberté, je réponds simplement : ce que je partage n’est pas une menace. Ce n’est pas un fardeau. Ce n’est pas une flamme qui dévore. C’est un souffle. Un élan. Une promesse que l’esprit, malgré les chaînes, ne pliera jamais. À chacun de nous revient la responsabilité de porter cette promesse, de veiller à ce que jamais l’esprit ne ploie sous le poids des chaînes. C’est là notre plus belle rébellion. Et dans le monde actuel, dans cette époque numérique où les formes modernes de censure sont invisibles, insidieuses, notre rébellion doit être plus vive, plus éclairée. Nous devons défendre l’échange d’idées avec la même intensité qu’au temps des troubadours, des encyclopédistes et des révoltés. Car la lumière des idées, aussi fragile soit-elle, finit toujours par briller.
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tu as bien expliqué ton ressenti malgré la censure !!!!