La Vie, mémoire voilée de l’âme

Il est un murmure ancien, enfoui dans les replis de l’âme, que nul cri du monde ne peut faire taire. Un souvenir sans image, une lumière sans forme, que la vie terrestre tente d’ensevelir sous ses mirages. Car vivre n’est pas posséder, ni conquérir mais se souvenir.

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Avant le souffle, avant le corps, l’âme était libre, nue devant l’éclat des vérités. Elle errait dans la clarté d’un royaume sans ombre, où chaque chose était elle-même, pure, indivisible. Puis vint la chute ou peut-être l’épreuve : naître ici-bas, s’incarner dans le tumulte des formes, goûter à l’oubli.

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La vie, dès lors, devient un chemin d’exil et de retour. Chaque émotion qui nous bouleverse, chaque beauté qui nous arrête, chaque injustice qui nous indigne, ne sont que des éclats d’un monde que nous avons perdu. L’âme, en silence, les reconnaît. Elle tressaille. Elle appelle.

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Mais le monde est bruyant. Il célèbre les masques, il aime les reflets. Il détourne les regards de la source pour les fixer sur les eaux troublées. Il faut du courage pour ne pas céder, pour gravir l’ascension intérieure, pierre après pierre, silence après silence, vers ce qui ne change pas.

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Philosopher, alors, c’est marcher à contre-jour. C’est apprendre à mourir à l’illusion, pour renaître à la clarté. Ce n’est pas fuir le monde, mais l’éclairer depuis l’intérieur, jusqu’à ce que l’âme, purifiée par l’épreuve du vivant, puisse se souvenir sans peine, aimer sans crainte, et contempler sans voile l’idée du Bien.

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Car au terme de la vie, si l’âme a su voir au-delà des ombres, elle redeviendra ce qu’elle n’a jamais cessé d’être : lumière parmi les lumières.

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